La maison de la sagesse

دار الحكمة

Le diable – L’imam Abu Hamid al-Ghazali

Il te faut ensuite, mon frère, combattre et vaincre le diable et ce, pour deux raisons : la première d’entre elles c’est qu’il est un ennemi évident qui égare. Peu lui importe quelque réconciliation ou compassion à ton égard, seule ta perte le satisfera fondamentalement. Il n’est donc pas question de se sentir à l’abri d’un tel ennemi ou de s’en désintéresser. Médite deux versets tirés du Livre de Dieu le Très-Haut: « ne vous ai-]e pas engagés, enfants d’Adam, à ne pas adorer le diable ? Car il est vraiment pour vous un ennemi déclare’ » (XXXVI, 60) ; et : « le diable est pour vous un ennemi. Prenez-le donc pour ennemi» (XXXV, 6).

C’est là la plus infime mise en garde. La deuxième raison c’est que le diable est fermement décidé à être ton ennemi et il est à jamais destiné à te combattre. Il te décoche ses flèches nuit et jour alors que tu en es insouciant. Qu’en sera-t-il alors ? Tu as avec toi un autre avantage ; c’est que tu vis dans l’adoration de Dieu le Très-Haut et dans l’incitation des gens à se rendre à la porte de Dieu, pureté à Lui, par les gestes et la parole. Tout cela va à l’encontre de ce que fait le diable ainsi que de son objectif et de sa volonté. C’est comme si tu te tenais fermement résolu à irriter le diable, à être rancuneux et à t’y opposer. Lui aussi est fermement résolu à te combattre, à te tuer et à te tromper jusqu’à ce qu’il mette en péril ton affaire, que Dieu nous en protège, ct bien plus encore, jusqu’à ce qu’il t’anéantisse totalement. Il ne se sentira jamais en sécurité contre toi. Par contre c’est lui qui commet le mal et mène à sa perte celui qui ne l’irrite pas ni ne s’oppose à lui. Il le prend, au contraire, pour ami et compagnon, tels les mécréants, les égarés et les désireux en certaines circonstances.

Que dire alors de son intention à l’encontre de celui qui s’en va l’irriter et qui se consacre à le combattre! Il a à l’encontre du reste des gens une inimitié générale; mais avec toi qui fournit des efforts dans la dévotion et la science, il a une inimitié particulière. Ton cas est pour lui plus préoccupant et il a avec lui des aides visibles pour toi telle ton âme et tes passions. Il a de plus des causes, des voies et des portes que tu ne soupçonnes même pas. Yahyâ b. Mu‘âdh ar-Râzî a dit vrai lorsqu’il dit: le diable a du temps libre alors que toi tu es occupé et il te voit tandis que toi tu ne peux le voir. Tu l’oublies et lui ne t’oublie pas et tu as en toi des aides du diable contre toi. Alors il faut absolument le combattre et le vaincre faute de quo1, tu ne seras jamais à l’ abri de la perversité et de la perte.

Si tu dis : avec quoi dois-je combattre le diable, le dominer et le repousser ?

Sache que les adeptes de cet art ont, à ce propos, deux voies possibles. La première est ce qu’en ont dit certains à savoir que la façon de repousser le diable c’est de chercher protection auprès de Dieu le Très-Haut, le Pur, et rien d’autre car le diable est un chien que Dieu le Pur t’a imposé. Si tu t’occupes a le combattre et à t’en débarrasser, tu te fatigueras et perdras ton temps peut-être même prendra-t-il le dessus sur toi et te blessera-t-il. Ainsi, s’en remettre à Dieu pour qu’Il t en débarrasse est préféra La deuxième voie est ce qu’en ont dit d’autres à savoir que la façon de le repousser est de lutter spirituellement de s’opposer, de le repousser et de lui rendre coup pour coup. Je dis que le mieux pour moi est d’associer les deux voies. Nous cherchons avant tout protection auprès de Dieu le Très-Haut contre le mal du diable, comme Dieu nous l’a ordonné ; et Lui Seul pourra nous en préserver. Si nous voyons qu’il nous domine, nous saurons que c’est là une épreuve de Dieu le Très-Haut afin qu’Il observe la sincérité de notre lutte et notre force dans l’application de Son commandement ainsi que notre endurance; de même s’il laissait les mécréants nous dominer, en dépit de Sa capacité à nous préserver du mal, cela serait pour nous l’occasion de mener la guerre sainte, d’endurer, d’effacer les péchés et de professer sincèrement notre foi comme l’a dit le Très-Haut : « afin que Dieu reconnaisse ceux qui ont cru et qu’ll choisisse parmi vous des martyrs» (III,140) et: « comptez-vous entrer au paradis sans que Dieu ne distingue parmi vous ceux qui luttent et qui sont endurants ? » (HI,142).

De plus, combattre et dominer le diable, dans ce qu’en ont dit les savants, que Dieu soit satisfait d’eux, doit se faire dans trois domaines : tu dois tout d’abord identifier et apprendre ses ruses et  stratagèmes afin qu’il n’entreprenne rien contre toi à ce moment, à l’instar du voleur qui prend la fuite s’il sent que le propriétaire de la maison dans laquelle il s’est introduit, soupçonne sa présence.
Le deuxième c’est que tu ne prêtes guère attention à ses appels de manière à ce que ton cœur n’y soit attaché et que tu ne le suives pas. Tel le chien aboyant ; si tu t’en approches, il s’excitera à ta vue et ne se séparera plus de toi. Par contre, si tu t’en détournes, il se taira. Le troisième c’est que le rappel de Dieu l’Exalté par ta langue et par ton cœur soit permanent. Le Prophète, que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui, a certes dit : « le rappel de Dieu produit chez le diable le même effet que celui produit par la bouchée avalée de travers chez l’homme ».

Si tu dis : comment connaître ses ruses et quelle est la façon de les apprendre ?

Sache qu’il dispose de tentations qui sont au même rang que les flèches que tu décoches. Ceci peut t’apparaître clairement en connaissant les pensées et les différentes parties qui les composent. Deuxièmement, il dispose de ruses pareilles aux pièges que tu poses. Tu peux les connaître en étudiant les stratagèmes, leurs  descriptifs et leurs fonctions. Nos savants, que Dieu soit satisfait d’eux, ont mentionné de nombreux chapitres relatifs aux pensées. Nous avons nous-même rédigé un livre que nous avons intitulé la tromperie d’Iblîs qui n’est pas exhaustif en la matière. Néanmoins, nous mentionnons, si Dieu le Très-Haut le veut, un fondement suffisant pour chacune de ses ruses, si tu cherches à t’en prémunir.

Quant au fondement relatif aux pensées, sache que Dieu le Très-Haut a chargé du cœur de l’homme un ange qui l’incite au bien et que l’on nomme « l’incitateur au bien»; son appel est appelé « la bonne inspiration ». Il a pour vis-à-vis, attaché à l’homme un diable qui l’incite au mal et que l’on nomme «le mauvais conseilleur » ; son action est désignée par l’appellation
« mauvaise suggestion ». L’incitateur au bien ne l’appelle qu’au bien tandis que le mauvais conseilleur ne l’appelle qu’au mal dans ce qui est rapporté des propos de nombreux savants. On raconte à propos de notre maître, que Dieu lui fasse miséricorde, que le diable peut appeler au bien dans une intention relative au mal, appelant par exemple l’homme à ce qui est distingué pour lui faire obstacle à ce qui est supérieur encore, en l’incitant au bien afin de le faire sombrer dans un péché immense telle la suffisance, etc.

Ce sont la deux hérauts penchés sur son cœur qui l’appellent et l’homme sent que son cœur les entend d’après ce qu’en rapporte la tradition suivant laquelle le Prophète, que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui, a dit : « lorsque l’homme a un enfant, Dieu l’Exalté lui joint un ange et le diable un autre diable penché sur le côté gauche du cœur de l’homme alors que l’ange est penché sur le côté droit; tous deux appellent l’homme ». Le Prophète, que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui, a aussi dit: «le diable peut approcher l ’bomme tout comme l’ange ». Dieu a par ailleurs introduit dans la constitution de l’homme une nature qui penche vers les passions et les délices qu’ils soient agréables ou rebutants. C’est là la passion de l’âme qui s’adonne aux calamités.

Sache, après cette introduction, que les pensées sont des influences qui interviennent dans le cœur de l’homme et qui l’incitent aux agissements et aux abandons. Leur avènement dans le cœur de l’homme émane, en réalité, de Dieu l’Exalté, le Très-Haut. Elles se divisent néanmoins en quatre parties. La première est relative à ce que Dieu le Très-Haut crée dans le cœur au tout début ; c’est la pensée par excellence. Une autre partie est ce qui découle de la nature humaine et que l’on désigne par la passion de l’âme. Une autre est ce qui intervient à la suite de l’appel de l’incitateur au bien et que l’on appelle « inspiration». Enfin, une autre intervient à la suite de l’incitation du diable et s’appelle « mauvaise suggestion ». Ces pensées sont attribuées au diable alors qu’elles ne sont que le résultat de l’incitation du diable. Il est pareil
à la cause, mais elles lui sont tout de même attribuées. Ce son-là les quatre parties des pensées.

Sache, après cette division, que la pensée première émanant de Dieu le Très-Haut peut être relative à un bien en l’homme et adjointe à la preuve, ou relative à un mal éprouvant et durcissant l’affliction. La pensée émanant de l’incitateur au bien ne peut être qu’un bien puisqu’il est un bon conseiller qui n’a été envoyé que dans ce but. La pensée émanant du diable ne peut être qu’un mal dans le but de tromper et de faire trébucher l’homme. Il peut aussi être un bien mais servant une ruse. Ce qui vient de la passion de l’âme est tout entier mal et se dresse tel un obstacle insurmontable. J’ai aussi découvert d’après certains prédécesseurs que la passion de l’âme pouvait aussi inciter au bien alors que le but recherché est un mal à l’instar de ce que fait le diable. Sache par ailleurs que tu as absolument besoin de connaître trois sections nécessaires qui contiennent l’objet convoité. La première est relative à la distinction entre la pensée du bien et la pensée du mal de manière générale. La deuxième concerne la distinction entre une pensée primaire et une pensée diabolique et passionnelle. Chacune d’entre elles est animée par quelque chose de différent.

La troisième est relative à la distinction entre une pensée de bien primaire ou inspirée, diabolique ou passionnelle afin que tu suives ce qui vient de Dieu ou de l’incitateur au bien et que tu évites ce qui vient du diable. Il en va de même pour la passion d’après d’autres dires. Quant à la première section, nos savants, que Dieu soit satisfait d’eux, ont dit: «si tu désires connaître la pensée du bien et la pensée du mal ainsi que la façon de les distinguer, mesure-les à l’aide de quatre éléments de mesure. Le premier consiste à ce que tu exposes à la loi ce qui t’est venu à l’esprit. Si cela est conforme à la loi, c’est que c’est un bien; si elle y est contraire à la loi par quelque concession ou péché spécieux, c’est alors un mal. Si cet instrument de mesure ne te permet pas de distinguer la nature de cette pensée, expose-la, dans ce cas, à l’imitation. Si elle est, dans son application, conforme aux agissements des bienfaisants, c’est un bien ; si elle est contraire et conforme aux agissements des mauvais, c’est un mal.

Si, en dépit de cet instrument, elle ne se distingue toujours pas, expose-la à l’âme et à la passion et observe Si l’âme s’en éloigne naturellement et non pas sous l’effet de la crainte et de la peur, sache que c’est un bien ; si elle y penche naturellement au lieu de pencher pleine d’espoir et de désir vers Dieu le Très-Haut, c’est alors un mal car l’âme incite au mal et ne penche pas, fondamentalement, vers le bien. C’est à l’aide de l’un de ces instruments de mesure que se distinguera la pensée du bien de celle du mal, si tu observes attentivement. Dieu le Très-Haut est de par Sa grâce l’Assistant de la guidance. Il est certes Généreux et Noble. Quant à la deuxième section, nos savants ont dit : « si tu désires faire la différence entre la pensée maligne qui vient du diable et celle qui vient de la passion de l’âme ou encore de Dieu le Très-Haut en tout premier, observe-les sous trois angles. Tout d’abord, si tu constates que cette pensée est immuable et fixe elle émane de Dieu le Très-Haut ou de la passion de l’âme. Si tu constates qu’elle est trouble et répétée, sache qu’elle émane du diable. Le Bienfaisants, que Dieu lui fasse miséricorde, a dit: «la passion de l’âme est pareille au tigre. S’il combat, il ne se retire que s’il est totalement dominé ou soumis à une rude adversité. Elle est encore semblable au kharijite qui lutte pour professer une croyance. Il ne reviendra pas à la charge à moins d’être tué. Le diable est pareil au loup. Si tu le chasses d’un endroit, il entrera par un autre moyen ». Ensuite, si tu constates l’apparition de cette pensée à la suite d’un péché que tu auras perpétré, c’est qu’elle émane de Dieu le Très-Haut pour t’humilier et te punir de l’infortune engendrée par ce péché. Dieu le Très-Haut a dit : « pas du tout, mais ce qu’ils ont accompli couvre leurs cœurs» (LXXXIII, 14). Mon maître, que Dieu lui fasse miséricorde, a dit : « c’est ainsi que les péchés conduisent à la dureté du cœur.

C’est en premier lieu une pensée qui conduit à la dureté du cœur ainsi qu’à son recouvrement. Si cette pensée est primaire et qu’elle n’intervient pas à la suite d’un péché que tu as perpétré, sache qu’elle émane du diable et ce, dans la plupart des cas ; car il commence par inciter au mal et cherche par tous les moyens à tromper. Enfin, si tu constates que cette pensée ne faiblit pas, ne diminue pas et ne se dissipe pas à l’invocation de Dieu le Très-Haut, c’est qu’elle est le fait de la passion. Si, au contraire, elle faiblit et diminue à l’invocation de Dieu l’Exalté, cette pensée provient du diable comme cela a été précisé dans l’exégèse de la parole du Très-Haut : « contre le ma du mauvais conseiller furtif» (CXIV, 4). Le diable est couché sur le cœur de l’homme. S’il invoque Dieu le Très-Haut, il s’enfuit et s’il omet de le faire, il lui souffle le mauvais conseil.

Quant à la troisième section, si tu désires distinguer la pensée de bien émanant de Dieu le Très-Haut ou de l’ange, regardes-y de trois façons : la première consiste à bien la peser. Si elle est forte et bien ancrée, c’est qu’elle vient de Dieu le Très-Haut ; si elle n’est pas ferme, c’est qu’elle provient de l’ange car il tient lieu de conseilleur qui t’accompagne partout et qui va te suggérer tout un ensemble de conseils dans l’espoir de satisfaire ton désir de faire le bien. Deuxièmement, si cette pensée précède de peu un effort de ta part et un acte de dévotion, c’est qu’elle émane de Dieu le Très-Haut : ( quant à ceux qui luttent pour Notre cause, Nous les guiderons certes sur nos sentiers » (XXIX, 69) et : « quant à ceux qui se mirent sur la bonne voie, Il les guida encore plus » (XLVII, 17). Si c’est une pensée primaire, elle émane le plus souvent de l’ange. Troisièmement, si cette pensée intervient dans les fondements et les agissements non apparents, c’est qu’elle vient de Dieu l’Exalté. Si elle intervient dans les ramifications et les agissements apparents, c’est que généralement, elle émane de l’ange puisque l’ange n’a aucun moyen de connaître les pensées intimes de l’homme, d’après ce qu’en dit la majorité. Concernant la pensée de bien qui provient du diable, elle est un mal qu’il fera fructifier. Notre maître, que Dieu lui fasse miséricorde, a dit : « observe bien. Si tu te trouves dans cet agissement inspiré par ton cœur, avec dynamisme et sans crainte, avec précipitation et sans lenteur, avec sécurité et sans peur, aveuglé sur la vie future et sans clairvoyance, sache  qu’il est le fait du diable ; délaisse-le alors. Si tu es dans tout le contraire de ce que nous en avons énoncé, sache qu’il est le fait de Dieu l’Exalté ou de l’ange ». Je dis que le dynamisme est de peu d’importance chez l’homme dans l’acte sans clairvoyance aucune ou rappel d’une récompense qui le pousserait à s’activer. Quant à la lenteur, elle est louable excepté dans les situations clairement identifiées.

On rapporte dans la tradition que le Prophète, que Dieu le bénisse et le salue ainsi que sa noble famille, a dit : « la précipitation est l’œuvre du diable excepté dans cinq cas : marier la vierge pubère, rembourser la dette à son terme, accomplir l’ensemble des préparatifs funéraires du défunt offrir l’hospitalité à l‘invité qui se présente et se repentir des péchés lorsqu’on en a perpétré ». Quant à la peur, il est peu probable qu’elle soit dans son intégralité conforme à ce qu’elle doit être et agrée de Dieu le Très-Haut. Concernant la perspicacité liée à la nécessité du châtiment, elle consiste en ce que l’homme soit convaincu que c’est là une droiture et un bien. Il est peu probable qu’elle soit liée à la vision de la récompense et de l’espoir dans le supplice. Sache cela de manière avérée.

C’est là la somme des trois sentiers que tu dois absolument connaître dans la section des pensées. Parcoure-les et observe-les scrupuleusement tant que faire se peut, car elles font partie des sciences spirituelles et des nobles secrets dans ce chapitre. Dieu est de par Sa grâce, l’Assistant du succès.

Quant à la section des ruses et des fourberies du diable, on peut considérer que les stratagèmes du diable à l’égard de l’homme dans le domaine de la dévotion s’appliquent de sept façons: la première d’entre elles c’est que le diable lui défende de s’y adonner. Si Dieu le Très-Haut le protège, Il fera dire à l’homme : « j’ai un grand besoin de la dévotion puisque le monde périssable m’est nécessaire dans l’accession à l’au-delà sans fin» ; le diable l’incitera alors à délibérer ses agissements. Si Dieu le Très-Haut le protège, Il lui fera dire : « le terme de ma vie ne m’appartient pas et si je diffère l’action d’aujourd’hui au lendemain, à quel moment accomplirais-je l’action du lendemain ? À chaque journée son labeur ». Le diable l’incitera à la précipitation et lui dira : « fais vite, vite afin que tu sois débarrassé de telle et telle chose ! » Si Dieu le Très-Haut le protège, Il lui fera dire : « agir peu mais bien vaut mieux que beaucoup d’agissements bâclés ». Le diable l’incitera après cela à perfectionner son travail par ostentation. Si Dieu le Très-Haut le protège, Il lui fera dire : « à quoi bon agir de manière ostentatoire ? La vue de Dieu le Très-Haut ne me suffit-elle pas ? » Le diable voudra alors le faire sombrer dans l’infatuation et lui dira : « que tu es grand ! Que tu es perspicace et noble ! » Si Dieu le Très-Haut le protège, il lui fera dire : « la grâce est en cela, tout entière à Dieu le Très-Haut. C’est Lui qui m’a distingué par Sa bienveillance et a donné à mon action une immense valeur. N’était-ce Sa grâce, quelle valeur aurait cette action par rapport à la bonté dont Dieu le Très-Haut m’a comblé et par rapport à l’insoumission que je Lui ai opposée ? »

Le diable empruntera une sixième voie qui est aussi la plus dangereuse et que ne peut remarquer que l’homme éveillé. Le diable dira : « fourni d’innombrables efforts dans le secret, Dieu le Très-Haut te les fera apparaître et habillera toute action de Son action » recherchant en cela une forme d’ostentation. Si Dieu le Très-Haut le protège, Il lui fera dire : « ô maudit ! Jusqu’à présent tu m’assaillais par la voie de la corruption de mes agissements et voilà que tu m’assailles par la voie de la bienfaisance de mes agissements afin de mieux les corrompre !’Je ne suis que le serviteur de Dieu le Très-Haut et Il est mon Seigneur. S’Il veut, Il met en évidence l’action, et s’Il veut, Il la dissimule. S’Il veut, Il fera de moi un homme digne et s’Il veut, Il fera de moi un misérable. Tout cela Lui incombe. Peu m’importe qu’Il le montre ou non aux gens car ils ne détiennent rien.» Le diable l’attaquera par une septième voie et dira : « Tu n’as nul besoin de cette action car si tu as été créé bienheureux, cela ne te causera aucun tort si tu le délaisses ; et si tu as été créé misérable, agir ne te sera d’aucun secours». Si Dieu le protège, Il lui fera dire • je ne suis qu’un adorateur et tout adorateur doit se plier au commandement de ce qu’il adore ; le Seigneur est plus savant d-Sa Seigneurie. Il décrit ce qu’Il veut et fait ce qu’Il veut. L’action me sera utile quel que soit mon statut.

Si je suis bienheureux, il me sera nécessaire à l’augmentation de la récompense et si je suis misérable, j’en aurai besoin afin de ne pas m’accabler sachant que Dieu le Très-Haut ne me châtiera pas pour la dévotion de même que le fait d’être introduit en enfer si je suis obéissant plutôt que désobéissant ne me causera aucun tort. Mais comment en serait-il ainsi alors que Sa promesse est vérité et Sa parole sincérité et qu’Il a promis la récompense pour les actes de dévotion ? Quiconque rencontre Dieu le Très-Haut en ayant la foi et la dévotion, ne rentrera jamais en enfer. Il entrera au paradis non parce qu’il aura agi pour l’obtenir mais grâce à la promesse de Dieu le Véridique. Dans ce sens, Dieu le Très-Haut a mentionné les bienheureux lorsqu’ils dirent : « louange à Dieu qui nous a tenu Sa promesse ». Réveille-toi, que Dieu te fasse miséricorde, car la chose et telle que tu la vois et l’entends. Compare-lui le reste des états et des agissements. Implore le secours de Dieu le Très-Haut et cherche protection auprès de lui, car tout est entre Ses mains. De lui vient la réussite et il n’y a de puissance et de force qu’en Dieu l’Exalté, l’Immense.

Source: Le Minhadj. Le chemin vers le Paradis

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